vendredi 4 mars 2011

Ciel brouillé # 01


On dirait ton regard d'une vapeur couvert ;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.
Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.
Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé !
Ô femme dangereuse, ô séduisants climats !
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?


Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

L'air écume # 03


"Rien n’est logique et rien ne semble absurde comme l’océan. Cette dispersion de soi-même est inhérente à sa souveraineté et est un des éléments de son ampleur. Le flot est sans cesse pour et contre. Il ne se noue que pour se dénouer. Un des versants attaque, un autre délivre. Pas de vision comme les vagues. Comment peindre ces creux et ces reliefs alternant, réels à peine, ces vallées, ces hamacs, ces évanouissements de poitrails, ces ébauches ? Comment exprimer ces halliers de l’écume, mélanges de montagnes et de songe ?"
Victor Hugo "L’Homme qui rit"

L'air écume # 02


«L'artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu'il voit et ce qu'il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature.»

[ Charles Baudelaire ] - Extrait du Salon de 1859

"Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."


Charles Baudelaire
‘L’Albatros »

L'air écume # 01

Victor Hugo éprouve un sentiment d’immensité :

"La mer ! Partout la mer ! Des flots, des flots encore.L’oiseau fatigue en vain son inégal essor. Ici les flots, là-bas les ondes. Toujours des flots sans fin par des flots repoussés. L’œil ne voit que des flots dans l’abîme entassés. Rouler sur des vagues profondes."

« Le feu du ciel » dans les Orientales.